mais appuyés aux murs, posés de guingois sur des meubles ébréchés et même sur des fauteuils. On les déplace pour s’asseoir.
Il y a là des femmes vieilles et laides, des adolescentes excitées, une femme de trente ans dont les cheveux tout blancs contrastent avec les traits jeunes, la peau fraîche ; une fillette au visage fané, des vieilles filles en grand nombre, reconnaissables à leurs jupes désuètes, à un lorgnon, à des chemises attachées au cou, à leur visage luisant ; des hommes, presque tous laids et vieux ou efféminés. Pierre se demande où tous ces gens se cachent le jour dans Deuville et surtout quel miracle a pu opérer leur rencontre. Isolés, ils passeraient inaperçus. En groupe, ils s’éclairent étrangement les uns les autres.
Massénac veut raconter à Auguste le dernier procédé qu’il a découvert pour déjouer la loi : le crime parfait. Auguste ne l’écoute pas. Une jeune fille, qui a remporté un prix de musique, s’installe au piano. Sa mère, en robe claire à petites fleurs, se tient debout, près d’elle, la main sur le cahier de musique, prête à tourner les pages, un sourire triomphant dans tous les plis de son visage.
La jeune pianiste, en robe blanche, plutôt