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LES DÉSIRS

frère pour se rapprocher d’elle. Maintenant que Louis est devenu son ami le plus cher, Germaine a pour lui ce charme des femmes qui ressemblent à un camarade que nous aimons. Ils ont tous les deux le front haut, les cheveux bruns et deux traits légèrement accusés de chaque côté du nez. Elle est la vivante réplique de son ami, plus vive, plus nerveuse, mais gratifiée des mêmes yeux aux eaux profondes, ombragés de cils épais et très longs qui en estompent doucement la clarté. Elle a la peau blanche, un peu huileuse, couverte le long des joues d’un léger duvet. Tout son corps, nerveux dans l’action, affecte au repos, déjà une nonchalance sensuelle. Ce n’est pas une jeune fille « distinguée ». Cette liberté d’allure est son plus grand charme aux yeux d’Auguste. Mme Prieur ne la tolérerait pas dans sa maison, si elle n’était la fille d’un compagnon de travail de son mari.

Germaine n’avait pas attendu ses déclarations pour lui faire porter par Louis son premier billet doux, deux ans plus tôt. C’était une adresse enluminée de sa main et ornée de fleurs séchées. Peu après, un après-midi, quittant ses compagnes, elle était venue le rejoindre dans sa chambre et s’était assise sur ses genoux.