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VI

Auguste est maintenant l’aîné de quatre enfants. Sa mère qui l’emploie à des travaux domestiques, dit de lui : « C’est un enfant tranquille. Il ne sort jamais. Il n’aime pas les jeux. » Et elle ajoute à la grande confusion de l’enfant qui a honte de polir les parquets ou d’aider à la lessive : « Il est plus utile qu’une fille dans la maison. »

Il y a longtemps qu’ils n’ont plus de servante. Quand ses parents font des sorties, ils confient à Auguste la surveillance des plus jeunes. Cette responsabilité le mûrit. Les escapades qu’il eût été tenté de faire, il s’en abstient de crainte de compromettre son autorité.

Auguste se trouve au collège dans une atmosphère morbide, tenu en suspicion à cause de son imagination, puni d’être curieux et éveillé. Mais surtout, il ne peut s’habituer à n’être pas aimé. Cette phrase d’un professeur à un de ses camarades l’a profondément troublé : « On n’a pas besoin de vous ici ; on n’est pas

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