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LES DÉSIRS

Ils sont partis avant le lever du soleil et ils ont remonté le cours d’eau, marchant dans les hautes herbes, mouillés jusqu’à mi-corps par la rosée, pêchant tantôt dans les trous sombres, abrités du courant par un tronc mort, tantôt dans les rapides où le soleil miroite sur la pierre polie. Ils ont marché longtemps sans entendre un seul oiseau, accompagnés seulement par le bruit de conversation à mi-voix de l’eau. Ils ont traversé des gorges étroites, où le pied a peine à se poser et dépassé les douze cascades, en amont desquelles M. Prieur dit que le ruisseau se divise en deux affluents.

Auguste n’a rien de plus pressé au premier congé que d’y retourner avec Massénac.

Pierre Massénac, dont c’est la première partie de pêche, suit Auguste en silence. — Arrivons-nous bientôt ? demanda-t-il. Il a hâte de voir l’eau. Auguste se tait pour mieux se rappeler la topographie. Il se promet au retour d’entailler un arbre pour avoir un meilleur repère dans les expéditions futures. À la fin, il retrouve le sentier qui conduit au ruisseau. Pierre enjambe lestement la clôture ; Auguste le suit. En touchant le sol, ils sentent l’eau gicler sous leurs pieds.