Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
ET LES JOURS

la ville. Des gens courent dans la rue. « It must be something about the war », dit M. Closey. Auguste, sensible à cette atmosphère a le cœur serré. Il a peur et il n’a pas peur ; il sent une exaltation qui, joyeuse ou triste, se traduira par des larmes. À ce moment, une des femmes qui courent en agitant leur tablier, se jette devant les chevaux en criant : « La guerre est finie, la guerre est finie, M. Closey. » Les chevaux effrayés se câbrent et font un brusque écart avant de se lancer en avant. Auguste s’agrippe à M. Closey, mais Johnny, surpris par la brusquerie de la secousse, culbute sous la roue. Le charretier mâte ses bêtes et suivi d’Auguste, il court à l’endroit où l’enfant est tombé. La chaussée l’a englouti tout entier. Mais il se relève seul. Une boue fétide lui remplit la bouche, les yeux, et les oreilles. Personne n’ose le toucher. À la fin, son père le conduit sous la pompe d’une écurie voisine et on le décrotte. Il n’a aucun mal.

La paix n’amena aucun changement dans l’existence d’Auguste, car la guerre n’avait pas existé pour lui. Les événements obscurs et lointains que ce mot recouvrait pénétraient mal dans l’univers de l’enfant. Son oncle, après