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III

Depuis quelque temps, Auguste s’est lié d’amitié avec un jeune voisin, Johnny Closey avec lequel il s’entretient en anglais. Celui-ci amène le « Frenchman » partout.

Le père de Closey est marchand de bois. Ce matin-là, en arrivant dans la cour, Auguste trouve Johnny juché sur un squelette de véhicule, composé de quatre roues reliées par une perche et traîné par deux chevaux. M. Closey installe le jeune Prieur sur la perche, devant Johnny et l’attelage s’ébranle. La chaussée est cahotante et leur position précaire. Johnny, qui se tient à son ami, ne paraît pas s’en inquiéter, mais celui-ci a hâte de descendre. Il a le pressentiment que quelque chose ne va pas. Dans la rue Saint-Joseph, les roues enfoncent jusqu’au moyeu dans la terre ameublie par les pluies.

C’est le milieu de novembre. Tout à coup, du côté de la gare s’élève une rumeur de cloches et de sirène qui grossit bientôt, emplissant

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