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LES DÉSIRS

par une petite fenêtre donnant sur le mur de béton de la salle d’embaumement. Le mobilier consistait en un pupitre à coulisse pour le coroner, une douzaine de chaises pour les témoins et le public et deux bancs étroits pour le jury. Aux murs, pendaient des calendriers annonçant les services des salons funéraires Patrau.

Le coroner, un médecin d’environ cinquante ans, et qui souffrait d’un léger défaut de langue, portait des verres à monture d’or. Le jury fut assermenté et, comme le Procureur de la Couronne n’était pas représenté, le coroner interrogea lui-même les témoins. La découverte du corps avait été faite par les pompiers. On pria ensuite Pierre d’identifier le cadavre qu’il avait vu quelques minutes auparavant.

— Vous avez vu le corps ?

— Je l’ai vu.

— Pouvez-vous l’identifier positivement ?

— Oui.

— C’est celui de votre père ?

— Non, dit Pierre, c’est celui de Bernard Massénac, mon père adoptif.

— Merci, dit le coroner, redoutant une scène.

Le coroner fit alors appeler Lucienne. Elle entra, soutenue par Anna, le visage décomposé,