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II

À cinq heures, Pierre s’éveille et frappe à la porte de Lancinet. Pas de réponse. L’idiot n’est pas rentré.

Pierre s’est enivré trop de fois dans sa vie pour ne pas distinguer cet état de celui où il s’est trouvé en s’éveillant dans la maison de son beau-père. Il n’a aucun doute. Quelqu’un l’a drogué. Mais qui et pourquoi ? La veille, il a soupé en compagnie de l’idiot dans un caboulot situé près de la gare. Au cours de la soirée, un individu s’est joint à eux, mais il ne se rappelle plus la physionomie de cet homme que, d’ailleurs, il ne connaît pas.

Il se rappelle aussi qu’il est parti seul avec Lancinet, mais là s’arrête sa mémoire. Est-il possible qu’il se soit présenté chez Bernard Massénac dans cet état. L’idiot n’était pas ivre. Il ne s’enivrait jamais. Il l’aurait retenu.

« Il faut que je retrouve Lancinet, se dit-il, si je veux savoir ce qui s’est passé. Il faut que je le retrouve avant qu’il ne lui arrive un mal-

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