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ET LES JOURS

vivement. Des gens le dépassent. Un policier, marchant lentement, l’examine de la tête aux pieds puis, sans doute, satisfait de son examen, continue sa route.

À la maison, le concierge le salue de l’air le plus naturel et il lui apprend que son compagnon n’est pas rentré la veille. Pierre Massénac insère la clef dans la serrure, et réprime un commencement de panique. « Si je continue, pense-t-il, mon ombre va me faire peur. » Où est le vieillard ? Que fait-il seul dans Deuville, où il ne connaît personne ? Pierre ouvre avec précaution la porte de l’armoire à glace, du cabinet de toilette, vérifie la porte de communication qui donne sur la chambre voisine. À ce moment, ses yeux se portent sur la glace et il sursaute.

Un inconnu vient d’ouvrir la porte de sa chambre. Un mouvement de colère le précipite vers l’intrus. Mais l’autre soulève sa casquette et lui dit :

— Excusez-moi. Je me suis trompé de porte.

Le jeune homme reste là, tout tremblant, les poings serrés. Il tourne la clef et par mesure de précaution fait pivoter le verrou. Lente-