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XIV

Quelques jours après son installation, on lui annonça la visite de Bernard Massénac. En entendant ce nom, prononcé avec respect par son secrétaire, Pierre fut ému. Le jeune homme n’avait pas parlé à son père adoptif depuis la mort d’Eugénie. Les deux hommes évitaient d’un commun accord les occasions de se rencontrer. De caractère violent tous les deux, ils ne pouvaient être indifférents l’un pour l’autre. Bernard Massénac n’avait jamais beaucoup contrarié son fils adoptif. N’ayant jamais compris les sentiments de l’adolescent, il n’avait vu dans l’hostilité de celui-ci à l’égard d’Eugénie que le résultat de ces malentendus qui éclatent dans les familles, quand les garçons atteignent leur treizième année.

De son côté, Pierre se sentait parfois attiré par ce qu’il avait de dynamisme et de violence combattive dans le tribun. Celui-ci vivait avec Lucienne, mais Pierre mettait tout le poids de cette faute sur la jeune femme.

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