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LES DÉSIRS

ressemblait aux portraits populaires de l’Évêque de Maux.

L’abbé Étienne était accueillant aussi bien aux idées qu’aux hommes. N’ayant aucune prédisposition pour l’administration, il était resté longtemps vicaire. Il ne s’en était pas plaint, trouvant dans les travaux souvent inutiles, une occasion d’aider son prochain et de se perfectionner dans la vertu. Il savait que les œuvres de Dieu sont des œuvres où la charité, la patience et la prière font plus que tous les autres moyens. En dépit de sa culture — outre le latin, il lisait couramment le grec et l’hébreu — il avait gardé une foi de charbonnier. Quand il commentait l’Évangile, le dimanche, il visait ses fidèles au cœur. Il a besoin de moi, se dit-il, en voyant entrer le directeur de la Société religieuse. « Mon Dieu, faites que je puisse l’aider. »

Après les échanges de politesse habituelle, le curé sortit son pot de tabac et le tendit au visiteur. Pendant quelques minutes, les deux hommes fumèrent en silence comme il leur était arrivé souvent de le faire, alors que Le-