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XIII

Lecerf, resté seul, après le départ de Nachand, se rendit compte de la gravité du faux pas que son zèle lui avait inspiré. Il s’arrêta peu à l’acte même, mais il ne pouvait trop se grossir ses conséquences. Il s’était compromis aux yeux de l’évêque. Qu’il eût raison pour le fond et qu’il ait été poussé par les sentiments les plus désintéressés ne faisait aucun doute dans son esprit. Mais il n’en restait pas moins que sans consulter l’Évêque, il s’était permis de l’engager dans une affaire qui venait de rater.

Nous avons déjà dit que Lecerf n’était pas aimé de ses confrères ; il possédait cependant un ami dévoué dans la personne du curé, l’abbé Étienne.

Dès la première rencontre l’abbé Étienne en imposait aux plus cyniques par sa grande charité. Ses paroissiens disaient de lui : « Celui-là est un saint ; il ferait croire même les incroyants. » De haute taille, les épaules larges, il

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