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XI

La jeune fille a manifesté le désir de voir les oies sauvages. Julien Pollender offre de la conduire au Cap Tourmente. Auguste et Marguerite les accompagnent. Partis au lever du soleil, ils s’arrêtent pour déjeuner dans une auberge et descendent vers huit heures dans une ferme située à environ un demi-mille du fleuve. De cet endroit, on entend les cris rauques et discordants de milliers d’oies invisibles, semblables au tumulte d’une armée. Julien a apporté des jumelles et, à l’aide de cet instrument, Louise aperçoit une flotte de milliers de petits navires de papier balancés sur les vagues. Ce sont les oies.

Les deux femmes chaussent des bottes et le petit groupe s’engage dans le chemin tracé à travers les battures, immense étendue de terre, engraissée par les alluvions du fleuve, et où croit une végétation de joncs et de riz à canard.

Au loin, le Cap Tourmente, inaccessible à l’homme, remplit l’horizon de sa masse pierreuse, hérissée d’arbres.

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