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ET LES JOURS

Massénac avait du plaisir à causer avec les fournisseurs. Pendant dix ans, il avait dû garder le masque de l’autorité, commandant des équipages malais ou chinois. Il fallait être dur ; la discipline lui avait tenu lieu de pensée.

Depuis son retour en Amérique, il parlait à tout le monde. Les échanges les plus anodins lui paraissaient chargés de cordialité.

Il apprit, en descendant du train, l’élection de Prieur. Il en fut heureux. Quand il s’enquit de Lucienne, on lui révéla qu’elle habitait maintenant avec Bernard Massénac.

Il retourna peu dans le milieu interlope où il avait accoutumé de vivre quand il venait à Deuville. Les années passées en mer l’avaient complètement transformé. Il avait la tête carrée, couverte d’une épaisse chevelure noire, et il donnait une impression de force peu ordinaire.

Il tenta à plusieurs reprises de se rapprocher de Prieur, mais celui-ci trouvait sans cesse des prétextes pour ne pas le recevoir.


Auguste a un peu honte de son ancien ami. Louise Prieur n’a pas à son égard les mêmes sentiments. C’est une jeune fille volontaire, qui