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LES DÉSIRS

François Prieur a acquis le tout pour le prix du terrain. Dès sa première visite, alors que la maison était dans un état de délabrement indescriptible, il a été émerveillé par les escaliers massifs, les foyers sculptés, les chambres hautes et sombres, rangées autour d’une galerie éclairée par un puits de ciel.

Deuville, située dans la vallée accidentée de la rivière Fontile, a l’aspect riant d’une agglomération de blocs rouges et blancs dont la disposition aurait été méditée par un enfant. Les berges de la rivière, sont couvertes de marécages ou inaccessibles à cause de leur escarpement. Aussi toutes les maisons se détournent-elles de l’eau pour regarder la rue Principale. Deux ruisseaux, qui coupent la ville dans le sens de la largeur, se perdent en méandres dans les cours, dans les ruelles, sous des frondaisons, avant de s’engouffrer dans les manufactures qui se trouvent là comme par hasard. À l’est, commence le bois ; à l’ouest, la ville est arrêtée dans son expansion par les chemins de fer ; au nord et au sud, elle s’étire le long de la rivière jusqu’à devenir un mince ruban de maisons de ferme, puis c’est la campagne à perte de vue. Le quartier environnant le chemin de fer est