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ET LES JOURS

taine sympathie légale. Le client et même l’enjeu de la cause ont disparu et il ne voit plus dans la défense en préparation qu’un problème à résoudre. Il entre véritablement dans le jeu avec la détermination de triompher de l’adversaire, de réduire ses preuves à néant. Dans ce processus, il passe du calcul et de la méditation à un état de véritable passion et c’est avec impatience qu’il attend l’entrée du juge.

Le député de Deuville a peu pratiqué le droit criminel. Mais il possède à fond sa procédure. Par elle-même la cause a un fort accent de persécution. Convaincue de la culpabilité de Massénac et déterminée à briser son influence politique, la police, pressée par l’approche des élections, n’a pris aucune des précautions les plus élémentaires. Ainsi, on n’a pas hésité à surprendre la foi de la ménagère de Massénac et à l’intimider pour se faire révéler l’existence du coffret de sûreté du tribun et en obtenir la clef. Presque toute la preuve repose sur des documents ainsi obtenus. Sous un gouvernement favorable à la police, intéressé à la perte du tribun, la Couronne aurait la partie facile. Mais les circonstances sont renversées.

Pendant l’interrogatoire des jurés, Massénac