Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
ET LES JOURS

— Es-tu content de ta journée, Auguste ? demanda rituellement Mme Prieur.

En dépliant sa serviette, elle posait tous les soirs la même question dans les mêmes mots et recevait invariablement la même réponse.

— Où as-tu pris le déjeuner ?

— Chez Bourret avec Sam et Nachand.

— Qu’est-ce qu’on vous a servi !

— Une coquille de mollusques délicieuse et un gigot.

— Qui as-tu vu à part Sam ?

— Seulement des clients. Mais j’en ai un nouveau dans une cause criminelle.

— Je croyais que tu n’acceptais que des causes civiles.

— Ce n’est pas une règle, dit-il, très lentement, de sa voix de Cour. Il m’arrive souvent de donner des conseils à mes clients concernant des affaires qui relèvent des tribunaux criminels. Tu comprends, un avocat a des clients, non des causes. Mais maintenant que je suis député, il est possible que j’aie à négliger un peu ma pratique ordinaire pour m’occuper d’intérêts, disons politiques.

— Et qui est ce client ?