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ET LES JOURS

des licences à nos amis, mais là encore, tu restes dans ton rôle de représentant de Deuville et du parti qui t’a élu. Je sais que tu ne tiens pas beaucoup à l’argent. Mais tu as l’espoir que tes services te vaudront un ministère. Eh bien, Massénac n’a pas cet espoir et le parti ne compte pas moins sur lui que sur toi.

— En d’autres mots, tout le tort de Massénac est d’être maladroit, et…

— … et modeste. Laisse-lui son petit chemin, sa servante et son chauffeur. C’est son ministère à lui.

Ils finirent par convaincre Auguste Prieur de défendre Massénac.

— Il faut que je retourne à l’étude.

— Et moi, chez Massénac. Je veux t’éviter le plus possible les occasions de le rencontrer.

De retour à son bureau, Prieur l’esprit excité par le vin, ne voyait plus d’un œil aussi défavorable la perspective de défendre ce malencontreux client. À la façon d’un bon avocat, il voyait déjà dans son esprit la ligne de défense qu’il adopterait. Il ne manquerait pas de témoins de caractère et insisterait pour le jury sur l’intention politique des accusateurs.