Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VII

C’est dans une petite rue, fréquentée des voyageurs de commerce, que se dissimule l’établissement Bourret. De la rue, à travers une baie vitrée, le passant peut apercevoir de petites tables, couvertes de nappes à carreaux rouges et blancs, des ustensiles d’argent bien frotté que le soleil fait miroiter, et, circulant au milieu de cette fête, des jeunes filles en uniformes noirs à poignets et à cols blancs.

Les bonnes cuisines sont rares, leur réputation s’étend rapidement, mais à Deuville, un tel établissement eut été voué sûrement à la faillite. Le patron, Napoléon Bourret, un gros cuisinier au visage épanoui, bouffi de graisse, aux petits yeux madrés et aux lèvres d’un rouge sanglant, l’avait compris. Aussi toutes les serveuses, jeunes et stylées, recrutées avec le plus grand soin et renouvelées souvent, jouaient-elles un rôle important dans la maison. Le dîneur qui entrait là par hasard, ne

[158]