vre. Il lève les yeux vers son grand oncle représenté sur la toile dans une de ces attitudes qu’affectent les grands hommes quand ils posent pour la postérité. Sanglé dans une redingote noire, le regard chargé d’effluves magnétiques, la ligne des lèvres légèrement tombante aux commissures, le beau tribun semble proclamer son intégrité et son désenchantement. Devenu député, Auguste s’est rappelé cet illustre personnage. Il lui donne la place d’honneur dans son bureau.
Auguste Prieur ne se fait pas d’illusion au sujet de la politique.
Maintenant engagé dans la partie, il fait l’apprentissage de la vie mesquine qui est celle du député en dehors des mois de session. Il lui répugne de tenir des fiches sur les personnages influents et tarés, de marchander le patronage, de prodiguer les poignées de main et les discours, d’intervenir dans les querelles de préséance qui éclatent à tout propos dans son entourage ; enfin de contempler son ambition dans le prisme des désirs de ses subalternes, tous attachés à ses basques comme des nains encombrants et dangereux.