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ET LES JOURS

À peine sorti du cabinet du médecin, Auguste se sent rassuré. L’esprit libre, il déambule lentement dans la rue. Inconsciemment, il fait un détour par le quartier où se trouve Seymour Hall et il a le cœur serré en apercevant la façade de briques rouges, les murs de moellons. Ses parents logent maintenant dans un appartement exigu, rue Principale. Depuis des années, personne n’habite la vieille maison. On pourrait l’acquérir pour une somme dérisoire. Mais qu’en faire ? Sa restauration ruinerait un millionnaire. Il retourne à la rue Principale.

En se rendant à son bureau qui occupe le premier étage d’un immeuble neuf, en face du Palais, le député pense à sa jeunesse, à Germaine, mariée pendant qu’il était encore à l’université et malheureuse en ménage. Et Pierre ? Pierre Massénac navigue quelque part dans le Pacifique. Il écrit parfois des lettres, brèves comme une entrée au journal du bord. Auguste est le seul qui donne encore des nouvelles à l’exilé. Il y a longtemps qu’il n’a pas écrit. Il sent de la répugnance à poursuivre cette correspondance. Le Prieur d’aujourd’hui ne peut plus être l’ami d’un aventurier. Il chasse aussitôt cette pensée.