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ET LES JOURS

l’amas de feuilles que la brise roule à leurs pieds et dans la rue. Dans les ruelles transversales, protégés du gel, des ormes ont encore leur feuillage. Un grand chien roux et un danois quémandent des caresses aux passants.

Auguste se sent pris d’un sentiment d’affection pour tout ce qu’il voit : les voitures, les chiens, les arbres, les maisons, les usines, les enfants. Il est utile. Il a un rôle dans Deuville : il veut servir. À Deuville, le pouvoir est divisé entre le clergé, la finance et le député. Mais ce dernier exerce le pouvoir le plus immédiat. Il est un petit seigneur pendant quatre ans. Il distribue les emplois, dispense les contrats, les bourses et les octrois. Une lettre de sa main peut ouvrir presque toutes les portes. Son pouvoir politique n’est limité que par celui du maire quand celui-ci n’est pas du même parti. Car le maire a aussi sa police, ses listes secrètes, ses partisans et sa part de patronage. Le maire Géret n’est pas encombrant, c’est un personnage qui cherche à se faire pardonner la fortune qu’il a réalisée dans des spéculations.

Le député de Deuville est, au physique, un homme impressionnant. De taille plus haute