Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
LES DÉSIRS

où aucune grande pensée ne peut naître. Auguste en a plus ou moins pris son parti. Il prend sa revanche à la Cour et dans les salons.

— Tu ne me parles jamais de tes affaires, Auguste, dit Marguerite.

— Que veux-tu que je te dise ?

Elle apprend par ses amis les succès qu’il obtient devant les tribunaux. Dans les salons, Auguste se découvre des réserves d’anecdotes personnelles qu’elle est humiliée de ne pas connaître la première.

— Tu retrouves ta langue et ton feu chez Mme Laflamme ! dit Marguerite avec aigreur en pensant à la soirée de la veille.

— Ce n’est pas la même chose, dit-il sans lever les yeux de son journal, j’ai raconté des anecdotes que tu as oubliées…


La rue a aujourd’hui une beauté presque spirituelle. C’est une fête de couleurs vives que la lumière désincarne. Contraste des arbres bruns avec tout ce qui luit et vit d’une vie soleilleuse. Les arbres seuls ne semblent pas participer à l’enchantement. Dépouillés, on ne les voit pas, mais on devine leur présence à