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LES DÉSIRS

vingt-huit ans. Auguste, qui se croit atteint d’une maladie de cœur lui envie sa santé, son dynamisme latent, sa richesse qui lui permettrait une cure de soleil en Californie. Il se défend contre une poussée d’envie. « Je n’ai pas à me ronger les sangs au sujet de Pollender. » Un cardiaque prudent peut encore accomplir beaucoup. Avec des ménagements. Toujours des précautions, des défenses, le monde rétréci, l’hébétude… Jusqu’au matin, il se débat entre la crainte et l’espoir, mais ce dernier sentiment domine.

L’odeur tiède des fanes délavées par la pluie, entre par la croisée ouverte. Marguerite s’éveille, voit la petite lampe allumée.

— Tu ne dormais pas, dit-elle. Pourquoi ne m’as-tu pas éveillée ?

Il hésite à lui révéler la cause de son insomnie. Pourquoi l’alarmer inutilement en lui parlant de la douleur qu’il a ressentie et qui peut bien être sans conséquences.

— Je n’avais plus sommeil, dit-il.

— Oh ! déjà six heures, dit-elle en apercevant le cadran.

Marguerite Prieur, de cinq années plus jeu-