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ET LES JOURS

taines personnes par des procédés assez peu élégants, mais efficaces.

Massénac excellait à un genre particulier de chantage. Quand il voulait compromettre un père de famille, il l’invitait à une petite fête intime à sa demeure. Il revenait à la charge jusqu’à ce que ses victimes, ayant épuisé toutes leurs excuses, se laissent entraîner dans son antre. Là, tout procédait familièrement. Massénac n’était pas avec un homme depuis une demi-heure qu’il le tutoyait et l’appelait par son prénom, quels que soient le rang et les titres du personnage. Il avait la gaité facile et dès le premier verre « de fort », il ne savait plus, de son propre aveu, ce qu’il disait. On buvait à la santé du député, du Premier Ministre, du Pape, santés qui ne se refusent pas et, chaque fois, il fallait vider son verre.

Quand tout le monde était un peu éméché, apparaissait une danseuse. Lentement, avec des minauderies, elle se dévêtait. Puis, à un signal donné, elle allait s’asseoir sur les genoux de la victime. Comme par hasard à ce moment, une ampoule de magnésium illuminait la salle. « Comment est-il encore entré ici celui-là ? »