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LES DÉSIRS

Il cachait si bien son ambition, montrait un tel dévouement qu’il trompa la confiance du curé de Saint-Augustin, l’abbé Étienne, qui déplorait que sa loyauté et son dévouement restassent inemployés. Celui-ci le convoqua au presbytère.

— Vous êtes propriétaire, monsieur Lecerf ?

— Oh oui, monsieur le curé, répondit le dévot, en prenant son air le plus soumis. J’ai deux maisons louées à des bons catholiques en plus de celle que j’habite.

— Comment se fait-il que vous n’ayez encore jamais été élu à aucune charge ?

— Je ne suis pas très populaire, dans la paroisse, monsieur le curé. Voyez-vous, je vis tranquillement avec ma femme malade.

— Je me charge de vous, dit l’abbé Étienne. Vous serez le prochain directeur de la Société religieuse. Cette charge avait été le modeste début de Lecerf.

Lecerf avait deux raisons de vouloir perdre Massénac : sa haine du député, qui l’avait naguère humilié, et le tribun lui-même qui le tenait par la crainte du chantage. Le tribun avait pris les moyens de s’assurer l’appui de cer-