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ET LES JOURS

gations et sociétés pieuses, Lecerf ne manquait aucune occasion de se mettre en évidence. Malgré tous ses efforts, il n’était pas aimé de ses co-sociétaires et ne parvenait à occuper aucune charge. On lui reprochait son intransigeance et son esprit dominateur avec ses égaux.

Il ne visait à rien moins qu’être l’arbitre de la vie spirituelle et morale de Deuville. Il ne recherchait pas le prestige ou la gloire, mais uniquement la puissance. Et encore, il ne la cherchait pas pour elle-même, mais pour Dieu et l’Église. Ses semblables se jugent humbles et dévoués au bien et ils le sont à leur façon. Ils ne s’analysent pas, ne s’interrogent pas. Ils finissent par s’identifier à la vérité, imbus qu’ils sont de l’idée qu’un catholique ne peut se tromper, même quand il est ignorant, dans la mesure où il agit pour la plus grande gloire de Dieu. « Si l’Église comptait plus de catholiques décidés, disait-il, on aurait tôt fait de réduire le mal à l’impuissance ». Le mal, c’étaient les hérétiques, les Juifs, les politiciens. « Mon ambition, c’est de faire de Deuville un lieu où les « étrangers à notre foi » se sentiront mal à l’aise ».