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couvert de boue, le pardessus et le gilet déboutonnés. Il venait évidemment de se battre. Contraste frappant, son visage ne reflétait aucun désordre. Son père traversa la rue en sens inverse, le visage recouvert de poussière de bois. Je remarquai les lèvres minces du vieillard, ses yeux gris insistants, dont la fixité pouvait être prise pour de l’attention ou pour un manque de profondeur.

Mareux passa devant son père, le regarda froidement comme un inconnu et continua effrontément, sans plus s’occuper de lui que s’il se fut agi d’un importun.

Le vieillard s’arrêta sur le trottoir, médusé. Il avait toujours l’air un peu médusé. Les yeux fixes, il suivit son fils du regard sans qu’il fût possible de deviner quels sentiments l’animaient. Mais il resta là, planté, sans expression, dans son pardessus couleur de glaise, aux bords râpés.