fendu contre l’idée de la prochaine rencontre, puis des premiers baisers, puis des rendez-vous. Je n’imaginais pas qu’elle pût m’avoir reçu par curiosité.
Sa réponse se fit attendre deux jours. Elle arriva enfin : deux lignes polies sur une carte. Ma désillusion fut atroce.
À cause d’elle et parce qu’il était le seul qui put m’en parler, je ne quittais plus Bonneville. J’allais, vers cinq heures, le rencontrer au journal. Les bureaux de l’unique quotidien de Fontile occupaient en partie un immeuble de pierre situé en face de la gare dont il était séparé par un mouvant rideau de peupliers. Derrière l’immeuble, une voie ferrée s’engageait dans une ruelle pour desservir une fabrique, puis enfonçait son arc entre deux rangées d’ormes vers le cœur de la ville. Le quartier m’était familier. À l’époque où le bitume avait remplacé le macadam de ses rues, alors que je portais la culotte, cette partie de la ville, la plus éloignée de la rivière, avait assumé définitivement un visage crasseux.