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été mis en apprentissage. J’avais passé les grandes vacances loin de Fontile. Les lettres qu’il m’écrivit cet été-là ne parlaient que de moi.

Ce fut à mon retour, à la reprise de nos promenades qu’il m’apprit en détournant les yeux qu’il travaillait depuis un mois. Il me parla pour la première fois des revers de sa famille, d’un procès qui avait mal tourné. Je ne pus lui cacher ma surprise et le chagrin qu’il me causait. Je crus qu’il avait manqué de confiance en moi. Mais là où j’étais le plus cruellement atteint, c’était dans mon rêve de garder son appui, car j’avais cru que nous embrasserions la même profession.

Trompé sur mon sentiment il voulut me dire adieu ce soir-là, me conseillant de l’abandonner à son nouveau milieu de petits employés.

— Je ne pourrai plus rien pour toi, me dit-il. Déjà, malgré ton indulgence, je ne suis plus capable de te suivre.

Je protestai en pleurant, lui citant l’exemple des grands hommes qui s’étaient formés en dehors des collèges. Si je n’étais pas convaincu