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l’imagination rassise, à la sensibilité rendue suspecte par la vie religieuse.

Ma grand’mère avait habilement questionné la jeune fille et confirmé par ailleurs ses intuitions. Suzanne avait quitté le couvent à la suite d’un coup de tête. La supérieure, la rencontrant dans un corridor, lui avait dit d’un ton grave :

— Ma sœur, préparez-vous à une grande nouvelle.

Elle avait répondu vivement :

— Vous allez sans doute m’annoncer que je suis refusée, mais ça ne me fait rien.

Son caractère altier se pliait mal aux disciplines. Et les supérieures la tenaient en suspicion car elle était née protestante et s’était convertie à dix-sept ans.

— Non, ma sœur, répondit la religieuse. Vous alliez prononcer vos vœux, mais puisque vous êtes dans ces sentiments, il ne saurait plus en être question.

On racontait aussi l’incident suivant qui jetait une lumière nouvelle sur l’insensibilité de la jeune fille.