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CHAPITRE III


J’avais à peine trois ans à la mort de ma mère. Cet événement ébranla la santé de mon père et, pendant plusieurs mois, il s’enferma avec son chagrin. Sa douleur était citée avec admiration dans toute la ville. On ne le trouvait plus ni à son bureau, ni à son cercle. Ses affaires en souffraient. Ce fut ma grand’mère qui le rendit à sa nature et, par ressaut aux affaires, par un calcul profond de femme. Elle décida de le remarier.

La cadette des Aquinault, après deux ans de noviciat, était retournée chez ses parents. D’une famille de possesseurs avides, agressifs dans les choses de la vie, c’était une femme selon le cœur de ma grand’mère. Celle-ci ne croyait pas que l’amour renaît de ses cendres. Elle voyait en Suzanne Aquinault une femme positive, à