Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les marchands, n’avaient pas mangé depuis le matin. Un chuchotement de mauvais augure montait comme un orage sur le point d’éclater. On pouvait craindre un mauvais coup.

Des amis m’avaient averti que la foule allait faire un mauvais parti au député. Je me rendis aussitôt, rue Davies, mais je ne pus approcher de la maison. Je courus alors jusqu’au bureau de Vaillant et priai celui-ci de m’aider.

Nous eûmes bientôt mis sur pied toute une organisation. Tout le personnel de nos magasins fut mobilisé. Une cantine fut installée dans le soubassement de Saint-Romuald pendant que les lieutenants de Vaillant et des amis allaient dans les boulangeries, les épiceries et même aux domiciles recueillir des dons de toutes espèces. Tout le monde était alerté. Ils n’eurent pas de difficulté à obtenir tout ce qu’ils désiraient et même plus. Cependant, l’heure avançait. Les rapports que Vaillant recevaient de ses agents nous faisaient redouter que la foule ne se portât à des actes irréparables. À la pensée qu’Armande pouvait être victime de cette populace,