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apportait dans le petit cabinet de travail de son mari, où la fumée devenait bientôt si dense qu’on ne se voyait plus.

Deux mois passèrent sans atténuer la vivacité de mon désespoir. Je possédais une petite photographie d’Armande que la jeune fille m’avait donnée, et que j’avais placée près de mon lit. Tous les soirs avant de m’endormir, je revivais à l’aide de cette image un épisode de nos relations. Chaque fois renaissait la pensée que je l’avais perdue par ma faute. Une part de mon être était sûre, en dépit des apparences contraires, que je la retrouverais, qu’elle m’avait aimée et que nous étions séparés par un malentendu. Je reconstituais péniblement l’atmosphère de notre dernière rencontre, cherchant à découvrir une explication qui m’eût échappé. Malheureusement, je n’avais rien écrit. Je me rappelais le sens que j’avais donné à ses mots, je ne me rappelais plus les mots. Je déplorais amèrement ce don si commode dans la conversation que j’ai de déceler sous les mots l’intention de mon interlocuteur et qui m’empêche souvent d’être