Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bouquins qui dormaient sur les rayons ou au fond des tiroirs. Le fouillis qui régnait dans cette pièce faisait le désespoir des bonnes. Pour se venger, en époussetant, elles jetaient un cadre par terre. Je ne me mettais même pas en colère.

Ma belle-mère se félicitait des prodiges opérés par l’amour et le travail.

Je voyais souvent Armande. Bien qu’il n’y eût entre nous aucun échange de promesse, ni même la moindre allusion au mariage, elle modelait sa pensée sur la mienne, pliait la ligne de sa vie pour que je ne fusse pas dérangé. Ses parents m’invitaient à dîner le dimanche.


Je voyais maintenant les jours s’épuiser rapidement, je devais me ménager. Mes visites à Armande, mon travail au bureau ou dans mon cabinet me fatiguaient. Assis à ma table, je cherchais vainement à quoi j’avais perdu mes heures Une autre mesure avait remplacé dans mes jours celle d’autrefois. Existe-t-il une relation entre l’œuvre et le temps, entre la santé et celui-ci ? Je n’avais plus de liberté d’esprit et je n’étais