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Un jour, ayant appris la fausse nouvelle de la mort d’un camarade de collège que je croyais aimer, le voyant tous les jours, j’avais été surpris de ne pas le regretter plus qu’un indifférent. Je ne me rendis même pas à sa demeure où je l’aurais trouvé convalescent, car au dernier moment il avait été sauvé. Le premier choc passé, je m’étais aperçu que la pensée de ne plus le revoir ne m’affligeait pas. Il n’avait point fait partie de ces êtres dont le départ détruit le charme d’une promenade qu’on faisait ensemble et nous rend pénible de passer une soirée dans un salon où il avait ses habitudes. De ce jour, je me mis à le fuir. Son besoin avait disparu avec la conscience que j’avais prise de la place qu’il usurpait dans ma pensée.

Les amitiés de l’adolescence, rien ne peut en effacer complètement la trace dans notre cœur. Ce que nous avons de meilleur, nous le devons à la pureté et à la grandeur des sentiments qu’elles nous ont fait éprouver. Par contre, les amitiés formées au cours de la jeunesse ne tiennent pas autant. Il entre plus d’égoïsme dans les rapports