Seul étranger, je me tiens à l’écart. Ayant reçu les félicitations de sa famille, il s’approche et me dit :
— Bonjour, monsieur.
Je décèle dans le ton un soupçon de distance qui ne doit être que de l’émotion car il disparaît aussitôt. Il y a trois ans que nous nous sommes vus. Je ne puis croire que ses sentiments à mon égard ont changé et que ce « monsieur » ait une signification particulière. Peut-être a-t-il cru à un changement en moi ou ne m’a-t-il pas reconnu dans la demi-obscurité. Imelda vient vers lui et lui dit :
— Tu as vu Julien Pollender ?
Et Georges me prend de nouveau les mains et les serre sans dire un mot. Puis il m’entraîne près de la fenêtre, et me dit :
— Je suis très heureux que tu sois venu, toi surtout. Tu ne sais pas combien tu m’as manqué, mon vieil ami.
Au réfectoire, le vieillard a pris place à l’extrémité de la table. Georges m’indique un siège à sa droite et il ajoute :