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Arrivé à Deux-Villes, une demi-heure avant la cérémonie, je contemplai le soleil froid de huit heures sur la rivière. Mais le vent qui venait du large m’enveloppait de tourbillons de sable et de fanes, m’obstruait la vue, paralysait tous mes mouvements. J’entrai au monastère.

Le portier me conduisit au parloir, où, au milieu des visages plus ou moins familiers, les yeux pers d’Imelda retinrent mon regard. Elle se tenait auprès de son père avec deux de ses sœurs plus âgées. À quelque distance de ce premier groupe se pressaient des tantes et des cousines. Tous parlaient bas et ils se marquaient entre eux une politesse un peu désuète. J’eus la sensation d’une division profonde entre les groupes et me rappelai le procès dont Georges m’avait parlé.

Louis Lescaut, le frère aîné, s’avança vers moi et dit en se tournant vers son père :

— Papa, je vous présente Julien Pollender. Je regardai le vieillard, trapu et soucieux, qui me tendait la main. Il avait l’air las et étranger à la fête.