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Georges prenait jour de deux côtés — à l’est et au sud, — par de hautes fenêtres ornées de rideaux verts à filigrane d’or.

Georges s’éveilla à cinq heures — selon son habitude à la campagne où il se fixait un emploi du temps à la fois simple et précis et tenant compte de tous ses besoins — fit sa toilette dans la demi-obscurité, à cause des maringouins que les moustiquaires n’empêchaient pas d’entrer. Entre deux opérations, il devait dégourdir ses doigts ankylosés par l’eau glacée. Émoustillé par le froid, il se mit à rire de ses appréhensions de la veille. Une nuit avait suffi à tout remettre en place.

D’ordinaire, il travaillait le matin, dès cinq heures, révisant le manuscrit en cours pour se mettre en train, puis écrivant d’une large écriture sur de grandes feuilles blanches qu’il empilait devant lui jusqu’au coup de midi. Il occupait les heures suivantes à des exercices : petits travaux d’aménagement des terrains ou de réfection, coupe du bois, longues promenades dans la forêt, seul ou avec Jean. Parfois, sa femme l’accompagnait. À quatre heures, lecture des journaux et des revues étrangères, conversation et séance de travail jusqu’au bain, puis souper léger, méditation sous la véranda dans l’obscurité et conversation quand