de réception, mais à cette date estivale, il effrayait moins que cocktail. Bien qu’on fût en juin et que l’hôtesse fît aussi servir des rafraîchissements dans le jardin, peu d’invités s’y aventurèrent d’abord. Des lanternes chinoises pendaient entre les arbustes. Colette y descendit avec sa fille et elles furent bientôt entourées de jeunes gens. Les hommes ne bougeaient pas des pièces, maintenant enfumées, de la maison. Ils se tenaient par petits groupes, incurieux des collections de leur hôte ou retenus par la pudeur de s’intéresser à des objets aussi personnels. Les dames occupaient des canapés rangés le long des murs. Un maître d’hôtel, importé pour l’occasion, se pavanait au milieu des garçons qui servaient les boissons sur de minuscules plateaux d’argent.
Georges prit plaisir à mettre Mayron en vedette, le présentant comme une des fortes têtes de sa génération. Celui-ci ne bronchait pas sous l’énormité du compliment. Mme Hautecroix suivait le jeune homme de l’œil, redoutant ses mots à l’emporte-pièce et même ses frasques. Dans les salons, il encourait la désapprobation unanime des dames en donnant libre cours à sa verve au dépens des hommes en vue, d’un parti comme de l’autre.