gris à motif de catalpas, qu’on avait débarrassée de ses meubles et qui ne servait qu’à ces rendez-vous. Jean y avait rassemblé tous les sièges qu’il avait pu trouver et même un tabouret de bar. Mayron perchait d’ordinaire sur ce meuble. Richard lui, s’affaissait en entrant sur le divan. Sa tête inclinait de degré en degré à mesure que la réunion progressait et, à la fin, il était complètement étendu. Les autres s’installaient selon leurs caractères et leurs habitudes. Des rideaux de couleur orange dissimulaient l’unique fenêtre. On écoutait de la musique, on discutait, on lisait un essai, un poème, on organisait des assemblées publiques.
Au milieu, Jean, toujours assis dans le même fauteuil de reps rouge, croisait et décroisait les jambes en parlant. Il n’imposait pas ses idées, cherchant plutôt à éveiller des sentiments autour des grandes questions. Il apportait à ce jeu une rare ferveur.
Dans le groupe, la conversation filait en toute liberté. Jean savait écouter les autres, parfois avec un sourire ironique, mais sans jamais interrompre. Quand il différait d’opinion, on ne devait pas s’attendre à une vive opposition, mais à des questions par lesquelles il paraissait vouloir pénétrer plus avant