voulait changer la vieille maison de fond en comble. Elle voyageait parce que voyager était une occupation mondaine, ouvrait sa maison à toutes sortes de parasites, achetait tout ce qui était à la mode, faisait mille choses discutables, mais par-dessus tout, semblait-il, elle rendait son mari heureux.
En pensant à elle devant le lourd portail, Georges ne put retenir un sourire. Elle accourut au coup de sonnette de son beau-fils. Une sonnette en effet avait remplacé l’ancien gong chinois. Ce n’était certes pas l’unique changement survenu dans la vénérable demeure. Des bibelots africains ou indochinois, des peintures « nouvelle vague » aux formes agressives avaient fait leur apparition au milieu de l’ancien ordre, jetant une fausse note de précarité et de transitoire dans un ensemble conçu pour durer. M. Hautecroix voyait maintenant ces intrus à travers les yeux de Colette. Georges les eut comparés à des virus morbides, le mari les considérait comme des ferments. Colette d’ailleurs ne leur accordait elle-même aucune importance. Elle ne tenait qu’à l’immédiat ; le dernier objet découvert ou recommandé par un des parasites de son entourage jouissait un moment de sa préférence et tombait dans l’oubli. Elle cessait de