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— Ce serait très long. Je connaissais Mayron avant de te rencontrer. C’est pour lui plaire que je suis venue chez toi le jour où nous nous sommes parlé pour la première fois. Quand il a appris que je t’avais revu, il a menacé de me tuer.

— Je vous ai vus en moto, rue Stanley.

— Il n’est plus rien dans ma vie depuis que je te connais…

— Dis-moi ce qui s’est passé ?

— Il ne s’est rien passé.

De nouveau entre eux un mur. « Elle a pris ce moyen de me crier sa détresse », pensa-t-il. Il comprendrait trop tard qu’en revenant à lui, ce jour-là, elle signait son arrêt de mort.

— Je ne puis continuer de vivre sans toi, dit-elle.

Elle se serrait contre lui, les yeux inondés de larmes et, entre deux baisers, lui répétait :

— Je te demande pardon, je te demande pardon…

— Partons ensemble, dit-il. Nous irons en Europe.

— Mais le journal ?

— J’ai déjà remis ma démission. Je t’expliquerai. D’ailleurs, après l’article que je viens de signer, c’était superflu.

— Tu es complètement libre alors ?