— Venez, Brouillé, nous allons d’abord vous panser.
Depuis quelques minutes, Georges ressentait un grand calme. C’était en lui-même, par lui-même qu’il avait failli être vaincu. Ce sang caillé dans le visage de son collaborateur l’arrachait à un cauchemar où il animait contre lui-même un Mayron créé de toutes pièces par une imagination surexcitée. Le vrai Mayron, c’était un adolescent inquiet, troublé, qui s’abaissait à faire battre un vieillard sans défense. Quant à lui, Georges, si le jeune révolutionnaire recourait à de telles tactiques pour l’influencer, c’est qu’il avait cru voir en lui un frère dans la peur. Même en démissionnant quelques jours plus tôt, il cédait à ce sentiment. Ses idées, ses attitudes… En creusant un peu, il découvrait qu’il voulait renoncer à tout, sous prétexte de prendre un nouvel élan, mais en vérité pour se terrer et lécher ses plaies. Se pouvait-il que l’abandon de Sylvie l’eut diminué à ce point ? Certes, il ne pouvait être question de rester au journal. Eh bien, son dernier article serait une attaque virulente contre Mayron et l’aile gauche du parti.
La joie de l’aveu qu’il venait de se faire décupla la force de son esprit. Il avait oublié sa fatigue, son découragement. Le coup de