demi-desservies, la cendre et les mégots flottant dans les soucoupes et les tasses, les serviettes souillées, jetées en vrac un peu partout. « On n’avait pas eu le temps de soigner le décor. » Mayron, dissimulé derrière un écran, dirigeait lui-même les assommeurs.
Brouillé, les vêtements en lambeaux, le faux-col à demi-arraché, le visage couvert d’ecchymoses, ne se défendait plus. On lui répétait comme une leçon :
— Hautecroix va retirer sa démission !
— Vous ne connaissez pas M. Hautecroix, si vous croyez l’intimider de cette façon.
— Nous allons le forcer, dit le premier.
— Sans son appui, nous devrons attendre des mois, ajouta son compagnon.
— Pourquoi me dites-vous tout cela ? Pourquoi vous attaquer à moi ?
— Pour lui montrer que nous sommes décidés à tout.
— Pour lui donner un avant-goût de ce qui l’attend.
On le relâcha enfin et l’un de ses agresseurs le reconduisit en auto jusqu’à l’entrée du journal, où il le projeta sans ménagement sur le trottoir.
— N’oublie pas de répéter à Hautecroix tout ce qu’on t’a dit.