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Georges ne l’entendait pas. Il continuait de ranger ses notes. Mayron ravalait sa colère. Il poursuivit :

— Tout favorise le mouvement : une crise de conscience collective milite en faveur de la révolution. D’autre part, le pays n’avait jamais compté autant de chômeurs, en majorité canadiens-français. La jeunesse tenait des réunions tumultueuses, les universités bougeaient ; dans tous les milieux, on réclamait contre les puissances d’argent, les empiètements aux droits fondamentaux, les libertés civiles. On s’en prenait aux trusts, aux cartels, aux Juifs. Mais ces forces, laissées à elles-mêmes, se dispersaient, ne pouvaient rien ; elles avaient besoin d’être canalisées. Pour Mayron, nationalisme était synonyme de fascisme. Georges croyait encore aux méthodes démocratiques ; la jeune génération mettait sa foi dans un chef infaillible et dans des méthodes autoritaires. Georges refusait de reconnaître dans cette volonté de pouvoir à tout prix, dans cette philosophie à courte vue les idées qu’il avait défendues. Il ne voulait plus, disait-il, en restant dans le parti devenir solidaire d’un ensemble de procédés qu’il désapprouvait.