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Georges Hautecroix tenta de protester, mais il se heurta partout à des fins de non recevoir. Mayron le fuyait. Un moment, il fut près de s’affoler, de s’abandonner à la panique — qui prend la forme d’une crainte irraisonnée aussi bien des choses que des hommes — savourant son impuissance non seulement à conjurer le sort, mais même à défendre son âme contre les coups que lui portaient en ricanant Mayron et sa clique. Il s’indignait de s’être par sa faute, placé dans une situation telle qu’un blanc-bec pouvait le tenir en échec.


Il marchait comme un somnambule. Son corps suivait le dédale des rues et des trottoirs, mais son esprit malade ne prenait aucune part à ces mouvements. Le matin, il avait pris la décision de se désolidariser du parti en résignant son poste de directeur du journal. Il se rendait au bureau pour la dernière fois. Il ressemblait à un homme qui s’est engagé dans un tunnel et qui s’avance dans l’obscurité ignorant la nature du danger qui le menace.