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sant constamment à la jeune femme, en reconnaissant Mayron, il avait cru tout naturellement voir Sylvie dans la forme féminine qui se pressait contre lui. Et il était vrai qu’il avait moins identifié la jeune femme à son visage qu’il ne voyait qu’à demi, qu’à une attitude, à une certaine façon de se tenir la tête et de caresser le dos de son conducteur du bas de sa figure légèrement retournée. Mais ce geste l’identifiait plus cruellement que tout. Combien de fois, Sylvie ne l’avait-elle pas tenu ainsi, caressé ainsi à pleins bras, non sur la sellette d’une moto, mais dans leur chambre, quand la gratitude éclairait tout son être.

Non, Georges n’avait pas besoin de lire son sort dans les yeux de la jeune femme pour connaître dans son cœur que c’était fini entre eux. Cette rencontre lui paraissait bien superflue.

Sans doute, allaient-ils dîner ensemble. Son imagination lui montrait Sylvie dans ce restaurant où ils se retrouvaient d’ordinaire, assise à côté de Mayron sur la banquette, leurs mains se touchant. Et cette vision de la femme qu’il aimait dans les bras d’un bellâtre aux cheveux parfumés lui causait un pincement atroce.