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petits écriteaux tendus perpendiculairement au-dessus des portes du hall. Une religieuse l’entraîna dans les profondeurs de l’immeuble, le fit passer dans un ascenseur et le conduisit à un rond-point où elle heurta un timbre. Pendant que Georges écoutait le retentissement de ce coup de cloche dans sa tête, un petit homme chétif, aux yeux dégarnis de cils, et tout vêtu de blanc, se présenta et fit signe de le suivre.

Derrière la deuxième porte, Lucien reposait dans un lit étroit et élevé. Des meubles de métal, bruns et anonymes, entouraient le lit. Une odeur d’alcool hérissait l’air alourdi des effluves de bananes mûres et de roses. Il ne reconnut pas immédiatement son visiteur.

— Que je suis heureux de te voir, mon vieil ami, chuchota-t-il. Tu n’as pas trop changé, toi ! Je suppose qu’on t’a alarmé au sujet de mon état ?

Georges protesta doucement. Lucien reprit :

— On ne me laisse plus voir personne. Le médecin a interdit toutes les visites mais on a levé la consigne pour toi.

— J’avais besoin de te voir. Mais je ne voudrais pas te fatiguer…

— Au point où j’en suis… Je ne me fais plus d’illusion, tu comprends. Mais laissons cela.