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pour les études, mais éprouvait le besoin de sentir autour de lui la chaleur des amitiés.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il à l’oreille de sa mère en voyant ses parents au salon à l’heure où d’ordinaire, ils étaient à table.

— Des photos de ton père, répondit Jeanne à voix basse.

Il jeta un coup d’œil sur les épreuves et protesta :

— Mais ce n’est pas toi !

— Que veux-tu, je ne suis pas photogénique.

— Tu devrais commander ton portrait à un peintre, dit Jean qui, depuis quelques mois, s’intéressait à la peinture. Il avait même, avec une ferveur de néophyte, entrepris de remplacer par des portraits de son cru les reproductions accrochées dans les chambres d’enfants. Un matin, Georges trouvait un cadre appuyé contre le mur du vestiaire et, en allant vérifier, découvrait à sa place un dessin de son fils. — Les portraits à l’huile, continua le jeune homme, ont quelque chose de définitif. Pense à Proust ! Tu le vois sous les traits du portrait de Jacques-Émile Blanche. On se rappelle Chateaubriand, drapé dans son grand manteau, la tête bouleversée par